Sunday 1 November 2015

Se vider le coeur


Par Serge Cote 20151031
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J’ai le visage collée dans le gyproc. Bordel, qu’est-ce que je fais ici dans cette boite. Je me sens drôle, j’ai comme une impression d’apesanteur. C’est comme si j’étais libre de l’attraction de la terre.

J’essaie de me décoller de la surface et c’est terriblement difficile. C’est comme si mes mains ne pouvait pas prendre prise. Je sais que ce n’est pas possible. Je dois avoir les bras engourdi et cela m’empêche de bien sentir la surface. Avec plusieurs effort, je réussi finalement à me décoller de la surface. Avec du recul, je me rends comptes que je suis collé a une surface recouverte de plafond suspendu. Pourquoi est-ce que l’on placerait du plafond suspendu sur un mur.

Je regarde mes pieds et me rend compte qu’ils sont dans le vide. L’autre surface est à 5 pieds en dessous de moi. Je suis suspendu dans le vide. Qu’est-ce qui se passe? La peur s’empare de moi, je me mets à trembler.

Je regarde autour de moi et me rends comptes que je suis proche de l’un des coins. En regardant en arrière, je vois bien qu’il y a une pièce en arrière de moi. J’essaie de me retourner, mais cela ne fonctionne pas. Je m’y reprends à 4 reprises avant de me retourner. Je ne comprends pas ce que je vois. Puis mon cerveau fini par conclure que je suis au plafond dans la toilette des hommes à mon travail. Et ce que je vois en dessous de moi, c’est moi assis sur la toilette.

Je ne peux pas l’expliquer, mais je sais que je suis mort. Je me regarde d’en haut et en moi j’ai la certitude que je suis mort. J’ai un petit pincement de regret, mourir assis sur une toilette avec les pantalons aux chevilles, ce n’est pas la position la plus valorisante. Cela me fait penser aux personnes âgées qui vont toujours se coucher avec des vêtements propres au cas où ils mourraient durant la nuit. Moi, je me retrouve avec les pantalons aux chevilles assis sur une toilette. En bonus, la toilette est pleine d’excréments.

-         « Oui, ce n’est pas la position la plus glorieuse pour finir ses jours. Mais ne t’en fais pas, j’en ai vue de bien pire. »
Je regarde autour de moi pour comprendre d’où vient cette voix. À quelques pieds de moi, il y a une forme humanoïde habillée d’une toge noire. Il ne m’est pas possible de voir son visage, mais selon la voix c’est un homme.

-         « Salut Marc, mon nom est Jule. Je suis ton guide. Désolé pour l’accoutrement, mais c’est le standard pour représenter ma classe de travail. Mais, si tu me le permets, j’aimerais prendre une allure plus proche de ma véritable apparence? »
Je ne sais pas trop quoi dire. Est-ce qu’il y a une importance sur l’apparence quand on est mort? Je ne crois pas.
-         « C’est ok, tu peux prendre l’apparence que tu veux. » Mon gars, je m’en fou comment tu t’habilles. Tant que tu ne te retrouve pas nue.
-         « Ne t’en fais pas, mon apparence normal est proche de la tienne. »
Sur ce, il enleva la tunique pour me présenter un jeune homme dans le début vingtaine en t-shirt et jeans. Un gars tout ce qu’il y a de plus commun. Une fois la tunique enlevé, il me fit un grand sourire.
-         « Bon, est-ce que c’est mieux comme ça? Marc, je ne vais pas te raconter d’histoire. Tu es mort. Ce que tu vois en bas, c’est ton corps. Tu as fait une crise cardiaque. Je suis ici pour t’offrir de me suivre ou de rester ici. »
-         « Je suis mort. » En moi je le sens, c’est la vérité. J’ai la certitude que c’est mon corps en bas. Je ne comprends pas ce qu’il veut dire par faire un choix. Rester ou partir. Ça implique quoi? C’est quoi cette histoire. Partir pour aller où? Comment ça un choix? On m’a toujours dit que je n’avais pas le choix, que les choses arrivaient avec ou sans mon intervention.
-         « Je dois t’informer, j’entends tout ce que tu te dis dans ta tête. Tu as beaucoup plus de responsabilité sur ce qui t’es arrivé dans ta vie que tu ne le penses. En fait, tu es mort ici à cause de tes habitudes alimentaires et le fait que tu ne faisais pas assez de sport. Mais le passée est le passée, tu ne peux pas le changer. À partir de ce point, tu vas devoir comprendre que tu es responsable de tes choix. »
« Oui, tu le sens en toi. Il n’y a pas de retour en arrière. Ce corps ne peut plus te recevoir. Tu dois choisir. »
« Si tu décides de rester, tu vas continuer à être attaché à cette réalité. Tu vas pouvoir voir et entendre, mais tu ne pourras plus avoir d’interaction avec l’environnement. Du moins au début. Avec le temps, tu vas pouvoir apprendre comment interagir et influencer l’environnement. Si tu décides de me suivre, tu vas laisser cette réalité en arrière et passer à la prochaine. Je ne peux pas t’expliquer ce qui t’attend, tu ne pourrais pas le comprendre. Le concept le plus près de ce qui t’attends c’est le paradis. Un paradis qui correspond à ce que tu crois. »
-         « Laisser cette réalité en arrière. » Je n’ai pas eu le temps de dire adieu à ma femme, mes deux filles, ma famille et tous mes amis. Il y a tellement de chose que je n’ai pas dite à mes proches. Ma femme n’a pas mes mots de passe pour avoir accès à mon compte bancaire et mes différents placements en ligne. Tout cet argent, elle va en avoir de besoin. Il faut que je trouve un moyen pour lui faire parvenir ces informations. « Je ne peux pas partir, j’ai trop de chose à finir avant. »
-         « Oui, ce sont toutes d’excellente raison. Mais je dois t’informer que si tu ne quittes pas cette réalité maintenant, il va être très difficile de le faire plus tard. Je dois aussi t’informer que le temps n’a pas la même valeur quand tu es désincarné. » « Je ne cherche pas à influencer ta décision, je me dois seulement de t’informer. »
-         « Ma décision est prise, je vais rester. Et je partirai lorsque tout sera fait. »

Sur ce, le jeune homme me fit un signe de la main et commença à devenir flou.

-         « Une dernière petite chose. Tu es directement attaché à cette pièce. Tu ne peux pas en sortir. Du moins tant que tu n’auras pas développé tes capacités en ce sens. Bon courage. »

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Épilogue

Alors, quand vous allez faire votre numéro deux dans une toilette publique, même si la porte est fermé, il est bien possible que vous ne soyez pas seul. Peut-être que l’on vous regarde.

Et de ce fait, quand vous avez une inspiration créatrice dans une cabine, elle pourrait possiblement vous venir de quelqu’un que vous ne voyez pas.



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