Dans le cadre d'une quête pour le jeu de rôle 'Call of Cthulhu', voici un petit texte que mon personnage aurait écrit. Le contexte: 1920, ville de Arkham.
*************
Je ne suis pas fou.
Ce n’était qu’un moment intensément lunatique.
J’avais juste besoin de me déconnecter de la réalité pour être en mesure de
rationaliser une partie de ce qui m’était arrivé.
Mes sombres aventures m’ont apprise que
la réalité est fluctuante.
Je peux vous confirmer qu’il existe plusieurs
vérités. Lorsque l’on se retrouve en face d’une version que l’on ne connait pas,
c’est un choc. Chacun réagis différemment. Certains vont simplement repousser
cette inconnu et continuer comme si rien ne c’était passé. Pour ceux et celles
qui vont démontrer un intérêt, cette version va devenir une source créative ou
destructive. De ce fait, tout le reste devient insignifiant.
J’ai découvert que l’exploration des
ombres est un moyen infaillible pour perdre du poids. On se retrouve à ne plus
avoir d’intérêt pour se nourrir. On perd le contact avec les activités de tous
les jours. Notre attention se retrouve à être totalement investi pour essayer
de comprendre ce que l’on découvre.
J’ai abandonné l’idée d’influencer les
dormeurs et les insouciants. J’écris pour ceux et celles ayant une minime
ouverture d’esprit.
Si vous n’avez pas d’intérêt pour les
ombres, cesser votre lecture ici.
¥¥¥
À la limite de notre conscience se
trouve des choses tapis dans l’ombre.
Heureusement, ne devient pas témoin qui
le veut.
L’intérêt ne certifie pas le succès,
mais aide beaucoup à l’atteindre.
Je voudrais humblement avouer que je
n’avais pas l’intention d’y regarder. Je fais partie de ceux et celles qui sont
devenu témoin sans vraiment chercher. Je n’avais jamais envisagé que la réalité
pouvait être différente dans l’ombre.
Le tout débuta avec un voyage d’accompagnement vers
le nouveau monde. Mon richissime ami Dr Edward Jones devait s’y rendre en
relation avec son oncle Dan Dakota Jones qui venait de mourir. Il devait s’y
rendre pour finaliser les papiers de successions. Un voyage que l’on
envisageait comme était plaisant et rapide. Rien ne laissait envisager la suite
des événements.
En Amérique, Joseph Sylverman, la personne ayant contacté
le docteur Jones, nous attendait à la résidence de Dakota. Se présentant comme
un ami du défunt, il nous raconta qu’il avait engagé celui-ci pour retrouve sa
fille Anna.
Nous apprîmes qu’un individu amnésique avait
aussi été retrouvé avec le corps de Dakota. Un russe du nom de Yuri Maslov. La
situation pica la curiosité de mon ami Edward et nous poussa à vouloir en
savoir plus sur ce qui c’était passée.
Yuri retrouva sa mémoire et nous raconta
que Dakota et lui étaient en train d’investiguer la disparition de la fille de
Sylverman. Suite à cette information, mon ami le Dr Jones décida de reprendre
l’enquête de son oncle et découvrir ce qui lui était arrivé. Moi, je trouvai
que l’aventure pourrait me donner de bonnes idées pour écrire une histoire.
Si seulement je n’avais pas été aussi
affamé d’aventure, peut-être que j’aurais eu la présence d’esprit de ne pas
m’impliquer dans cette histoire morbide.
Nous fîmes une fouille exhaustive de la
maison de Dakota. Et c’est suite à la découverte d’une pièce secrète, que nous
décidâmes d’aller voir le dernier endroit où il avait dirigé son enquête.
Horreur monstrueuse venu des profondeurs
des abysses. Odeurs immondes et images affreuses.
Je suis désolé, je ne me sens pas assez
fort pour continuer. Je dois m’arrêter d’écrire.
¥¥¥
Après un moment de repos, je reprends ma
plume pour continuer.
Soyez patient avec moi. Ce petit texte
n’est que le début.
J’aimerais écrire tout ce qui s’est
passé. Mais je suis limité par ma capacité à décrire et comprendre ce que j’ai
vécu.
Je sais que mon esprit va avoir modifié
les événements. Mon esprit ne peut pas partager sans avoir accepté en premier.
De ce fait, celui-ci va modifier la réalité pour me la rendre plus facile à
accepter.
Je fais de mon mieux. Mes mots vont
peut-être ouvrir des portes.
Des flashes et des sensations
m’assailles. Je ne peux pas continuer à écrire.
Mon esprit est assailli d’informations
que je ne suis pas en mesure d’accepter présentement. Je dois arrêter et me
reposer.
Le Whisky, l’ingrédient qui me fait
éteindre les images. C’est l’outil d’équilibre mental que moi et mes amis
aventuriers ont choisi d’utiliser.
Dès que possible, je vais continuer à
écrire.
¥¥¥
Je reprends la plume.
Je ne suis pas fou. C’est ce que je
crois.
Comment puis-je me fier à d’autre pour
évaluer mon niveau de folie. Ils n’ont pas vécu ce que j’ai vécu. Ils n’ont pas
vu ce que j’ai vu.
Je ne suis pas fou.
Qu’est-ce que la folie?
Elle désigne des comportements jugés et
qualifiés d’anormaux. En fait, la folie est reliée avec la condamnation de ce
qui est différent.
Lorsque l’on possède des informations
que d’autres non pas, on se retrouve à se faire juger sévèrement. Et le poids
de la preuve nous écrase au point de se retrouver enfermé dans un asile.
Je ne suis pas fou.
J’ai peur.
Non, je n’ai pas peur, je suis
terrorisé.
Je sais qu’il y a quelque chose dans le
noir. Mon esprit a transformé ce que j’ai perçu. Mais je sais quand même qu’il
y a quelque chose qui se cache et qui va s’en prendre à moi si je m’approche
trop.
Je ne parle pas de la mort, mais de la
damnation de me retrouver esclave d’un monde infernal.
La douce ignorance qui fait que l’on
s’endort rapidement le soir. Elle est bien loin de moi cette belle demoiselle magique.
Il est trop tard, j’ai acquis des
connaissances que je ne peux plus oublier. Mon cerveau est meurtri et ne pourra
jamais revenir comme avant.
Même s’il ne m’est pas possible de
parler de ce qui s’est passée, je ne peux pas l’oublier non plus.
Quand je parle de ce qui s’est passé
avec mes compagnons d’aventure, la discussion est brève et sommaire. Je me suis
rendu compte que l’on n’a pas tous les mêmes souvenirs. De ce fait, nous n’en
parlons plus.
On garde quand même le désir de se
retrouver et de partager notre passion pour le whiskey. Nous avons un lien
puissant qui nous unis. Un lien ancré dans l’ombre.
Je le sens, ce qui se cache dans l’ombre
veut m’y faire revenir.
Je dois prendre un moment de repos. Mon
cerveau bouillonne de vision et j’aimerais mieux retrouver le doux
abrutissement de l’alcool. Whiskey tu es ma médecine.
¥¥¥
Suis-je fou?
Il y a ces moments où je doute de ce que
je pense avoir vécu. Je remets en question tout ce que j’ai comme souvenir.
Est-ce que j’ai inventé ce qui se trouve dans ma mémoire? Est-ce que tout cela
est pure imagination?
Est-ce que la folie se retrouve dans le
cœur de ma mémoire?
À quoi puis-je me fier? Si mes souvenirs
sont différents de ceux qui ont vécu les mêmes expériences que moi, est-ce que
cela veut dire que j’ai créé ceux-ci?
Certain spécialiste de l’analyse du
comportement ont parlé de l’interprétation de ce que l’on perçoit. Selon eux,
nous percevons et interprétons en relation avec nos connaissances.
Comme chacun de nous possèdes des connaissances
à un niveau différent, il est pratiquement impossible de percevoir la même
chose. On pourrait même dire qu’il y a autant de différente réalité que de
personnes ayant été témoin.
Je me dois de trouver un moyen
d’immobiliser la réalité pour être en mesure de m’en servir comme preuve.
C’est en relation avec mon travail de
journaliste que je me suis rendu compte que les photos pourraient servir
d’immobilisation. De ce fait, je pourrais garder une preuve fixe de ce qui se
passe. Cela pourrait devenir un outil puissant pour essayer d’expliquer.
¥¥¥
Silverman vient d’être contacté pour que
notre petit groupe se charge d’enquêter sur la disparition de deux scientifiques
en expédition archéologique.
Sans hésitation, nous allons partir vers
une autre aventure. Une bonne dose de whiskey est prévue pour nous aider.
Je laisse ici ce texte en espérant qu’il
aide quelqu’un d’autre à mieux comprendre ce qui se cache dans le noir.
Je suis désolé de ne pas pouvoir vous en
dire plus. Je ne suis pas certain de ce que je sais. Je doute de mes souvenirs.
En espérant que mes aventures avec Mr
Jones, Silverman et Maslov vont vous apporter quelque chose.
Jacob Finch
Doctor in English Literature
from the University of Manchester