Je m’appelle Claude Morin. Je ne suis pas une
vedette.
Il y a quelque temps, je chantais dans un groupe
rock. Mon surnom était Clovis. La musique était toute ma vie. J’y investissais
toutes mes énergies.
Mon arme secrète était que j’avais la capacité
fantastique de simuler.
Dès mon enfance, on me diagnostiqua une
insensibilité émotionnelle grave. Communément nommé par la presse populaire comme
‘Psychopathie’. Plus simplement, j’étais incapable de ressentir ce que la
majorité des gens ressentaient.
Je dus apprendre à simuler les réactions reliées
avec les émotions que j’aurais dû ressentir.
Comme j’étais différent, j’étais constamment en
train de me chercher. En devenant chanteur, j’eus l’impression d’avoir trouvé
ma voie pour joindre la communauté humaine.
Le nom de mon groupe était « Ex-Disorder ». On
faisait dans le style « Disturbed », « Creed », « Seether » et « Nickelback ».
Maintenant, si je reviens à ce que je veux vous
raconter, je dois vous parler de la première fois où je l’ai vue. C’était à
l’un de mes gros shows. On était le band d’ouverture pour « Lacuna Coil » à
l’impérial de Québec. Il y avait plusieurs centaines de personnes dans la
salle.
Comme à mon habitude, j’aimais beaucoup m’approcher
du bord du stage pour établir un contact personnel avec les gens dans la salle.
Et ce soir-là, elle était dans la foule. Elle portait le gilet de notre band.
Celui-ci était un peu déchiré pour laisser entrevoir ses formes voluptueuses.
Elle ne portait rien sous le gilet. Je lui fis un grand sourire. Et je lui
donnai un petit extra en lui envoyant un clin d’œil appréciatif.
On n’était pas un gros band, alors la sécurité en
back stage était plutôt légère. De ce fait, il était relativement facile de
venir nous voir. Ce soir-là, il y avait plus d’une dizaine de nos fans dans
notre loge. Avec l’alcool et autre substance, on était sur le « party ».
J’étais en train de mordiller le lobe d’oreille de
Julie quand Josiane entra dans la pièce. Mon attention se dirigea vers ma belle
sorcière. Julie s’en rendit compte. Elle s’éclipsa de mes bras pour aller voir
Jean (mon bassiste) qui passait à proximité de moi au même moment.
Sans hésiter, Josiane vint se blottir contre moi.
Passant ses bras autour de mon cou, elle vint me chuchoter à l’oreille.
- J : « Moi c’est Josiane. » Mettant une intonation
sensuelle sur son nom.
- J : « Clovis, tu es à moi. »
- C : « Est-ce que tu me mérites? » Fût ma réponse
que je lui lancer en lui mordant le coup.
- J : « Je vais te faire oublier toutes les autres.
» Me lança telle avec un grand soupir.
Elle n’était pas la première à me dire ça. En fait,
elles me disaient toutes quelque chose dans le même genre. Elles s’imaginaient
toutes que je j’allais devenir fou d’elles. Si seulement j’en avais eu la
possibilité.
Nous avons passé la nuit ensemble. Au matin, on
échangea nos numéros de téléphone avec la promesse de se revoir bientôt. Le
sexe avait été bon, mais pas au-dessus de la moyenne. Je n’avais pas vraiment
l’intention de la rappeler.
Une semaine plus tard, mon band se retrouva invité
à venir faire une prestation sur le « Cyber Rock Stage ». C’était un « show »
en ligne qui permet à des milliers de personnes partout dans le monde
d’assister à notre show en « streaming ». Une opportunité fantastique de nous
faire connaitre.
L’adrénaline au max, mon band est monté sur le
stage pour se donner à 200%. L’ambiance était survoltée. À la deuxième chanson,
j’étais déjà torse nue. La sécurité de l’endroit avait beaucoup de mal à
contenir les femmes qui voulaient monter sur le stage. C’était la guerre.
L’ambiance était survoltée. Dans cette folie, je
remarquai Josiane. Elle portait un corset en cuir noir bordé de dentelle. Elle
me fit un énorme sourire et m’envoya un clin d’œil coquin. Pendant un moment,
j’eus l’impression qu’elle m’avait lancé un sort.
Pendant la chanson « Inside the fire » du band «
Disturbed », j’avais prévu d’utiliser une lame de rasoir pour me couper un peu
le torse. Je trouvais que cela donnerait beaucoup d’intensité à ma prestation.
À la première blessure, je ressentis un petit
pincement douloureux et un peu de sangs coula sur ma peau. Mais la réponse de
la foule et l’ambiance électrique sur le stage m’incitèrent à me couper encore
et encore. Parmi toutes ces blessures, j’ai possiblement accroché une veine
principale. Le sang giclait à profusion.
L’un des jets rouges arriva jusqu’à la poitrine de
Josiane. Mon sang sur sa peau blanche donna un effet monstre. Par la suite, de
la voir dessiner un symbole pour ensuite porter son doigt à sa bouche, ce fut
le summum de l’érotisme. J’étais hypnotisé par sa volupté. J’en ai presque
perdu le fil de la chanson.
Après quelques moments, je me sentis moins
énergique. La tête commençait à me tourner. Avec beaucoup de volonté, je
réussis à finir ma chanson. Laissant tomber le micro au sol, je me dirigeai
vers le bord de la scène où une fille de l’ambulance Saint-Jean m’attendait. Je
perdis connaissance à ses pieds.
À mon réveil, j’étais dans le gros fauteuil de la
loge. La belle ambulancière me nettoyait mes blessures.
- C : Je regardai mon drummer Frank pour lui
demander « Comment ça s’est passé? »
- F : « On a foutu le bordel. Quand tu es tombé au
sol, une bonne douzaine de femmes sont montées sur le stage en panique. C’était
complètement fou. Ça fait juste 30 minutes que l’on a fini le show et les
visionnements sur YouTube ont déjà dépassé les 30 000.» Me lança-t-il avec un
grand sourire.
- C : « Ex-Disorder va prendre son envol. »
- F : « C’est pour la vie mon pot! Le band est en
train de devenir une entité plus importante que chacun de nous. »
Il n’est pas en train de le devenir, il l’est
depuis bien longtemps.
J’étais marié avec « Ex-Disorder ».
Je n’avais pas de vie en dehors du band. J’y
consacrais tout mon temps et toutes mes énergies. J’étais le chanteur à temps
plein. Quand je faisais mon épicerie, c’est le chanteur d’Ex-Disorder qui
faisait son épicerie.
Le band était mon vampire. Cette entité me vidait
de mon énergie. Comme capitaine bonhomme, un jour j’étais certain de mourir sur
un stage.
Le lendemain, je reçus une livraison de fleurs. Une
douzaine de roses rouges. Et il y avait ce petit mot de joint.
--
Tu es unique. Je suis heureuse d’avoir croisé ton
chemin et j’espère que cela va se reproduire. Fais-moi signe.
Tendrement
Josiane --
Repensant à mon sang sur ses seins, j’eus envie de
la revoir. Et je l’appelai pour l’inviter à venir passer la soirée avec moi.
Elle arriva avec une grosse boite en carton.
- J : « Mon beau Clovis. Je suis heureuse te
revoir. » Elle m’embrassa langoureusement. Elle me donna la boite.
- J : « Un petit cadeau pour plus tard. Mets ça de
côté. Je vais te dire quand tu vas pouvoir l’ouvrir. »
- C : « Oui, c’est comme tu le désires. »
Docilement, je mis la boite de côté. Pour une
raison que je ne comprenais pas, j’étais enclin à suivre ses instructions.
Après avoir mangé et pris beaucoup de vin, elle
m’indiqua qu’elle voulait que l’on aille sur le lit et que je devais emporter
la boite. Je m’exécutai avec un petit point d’appréhension. Je n’avais pas
l’habitude que l’on me fasse des surprises.
Elle sortit une baguette noire de son sac. Cela
ressemblait à une baguette de drums mais un peu plus longue. Elle frappa le
creux de sa main tout en me regardant avec un large sourire.
- J : « Clovis, je connais ton secret. »
- J : « Je vais m’occuper de toi comme tu le
mérites. »
- J : « Je vais m’assurer que plus rien ne va se
placer entre nous. Nous sommes unis pour l’éternité. »
- C : « Comme tu le désires. » Les mots étaient
sortis de ma bouche en dehors de ma conscience. Mais je me sentais bien de
l'avoir fait.
- J : « Mets-toi à genoux. Je suis ta maitresse et
tu vas vouer un culte au sol sur lequel je marche. » J'étais un peu surpris. Je
trouvais cela bizarre. Mais au fond de moi, je sentais que c’était approprié
que je le fasse. Je ne voyais pas de raison de ne pas le faire.
- J : « À genoux. » Elle plaça sa baguette en
arrière de mon coup et me força à me mettre à genoux. Elle n'eut pas besoin de
mettre beaucoup de pression. Je me retrouvai à genoux devant celle.
- J : « Tu es à moi. Dès maintenant, tu vas te
réserver uniquement pour moi. »
- C : « Oui maitresse. » Il y eut un déclic en moi.
Une sensation merveilleuse m’engloba d’une douce chaleur. Je me sentis
tellement bien.
- J : « Ouvre la boite. Mets ce qui s’y trouve. »
J’ouvris la boite et en sortie un collier-de-chien assez grand pour moi et un
ensemble en Latex noir.
On y passa toute la nuit. Je comblais toutes ses
demandes et elle me récompensait en retour. Elle me donna des orgasmes
sublimes. Je me sentais bien. Elle me donnait un sentiment d'être en sécurité.
Je ne voyais plus ma vie sans Josiane. Elle était devenue le centre de mon
univers et je n’existais que pour l’adorer.
Après avoir passée toute ma vie à jouer un
personnage, là j’avais la certitude d’avoir trouvé qui j’étais vraiment.
Je mis de côté mon projet musical. Après avoir
manqué deux répétitions et ne pas avoir donnée de nouvelles pendant plus d’une
semaine, Frank, Jean et bob se présentèrent à mon appartement. Je me doutais
que cela pouvait arriver. Sans moi, le band n’existait plus.
Après un moment, la discussion prit une orientation
agressive. Des accusations firent irruption contre Josiane. Mes ex-compagnons
musicaux avaient raison, Josiane venait de tuer Ex-Disorder.
C’est à ce moment que je me rendis compte que je
n’avais plus d’intérêt pour le band et que j’allais les laisser tomber.
- C : Prenant un grand respire : « C’est fini. Je
ne suis plus dans Ex-Disorder! Partez! Laissez-moi vivre ma vie. » Les gars
furent bouche bée. Jean et Bob sortirent en silence. Avant de sortir, Frank me
regarda tristement avant de m’envoyer une droite en plein visage. Je me
retrouvai sur le dos. Il me regarda sans dire un mot et referma la porte
derrière lui. Je ne pouvais pas lui en vouloir.
Je pensais que c’était fini. Que je n’aurais plus
de nouvelles du band.
Mais je me trompais. Le lendemain, je commençai à
recevoir des messages de fans sur mon cellulaire. Unanimes, ils voulaient que
je revienne dans le band. J’en ai reçu plus d’une centaine la première journée.
Les gars avaient mis un message sur la page du band pour demander aux fans de
m’envoyer des messages pour que je revienne. Ils ont même mis mon numéro de
téléphone dans le message.
J’en parlai avec Josiane. Elle me convainquit de
venir habiter avec elle. De débrancher mon cellulaire et de fermer ma page
Facebook. Que je devais prendre une pause. Elle allait s’occuper des autres
pour qu’ils arrêtent de me troubler.
Je fis tout ce qu’elle me demanda sans hésitation.
Dans la même soirée, j’avais déménagé mes choses. Josiane m’incita à laisser
mes meubles et la majorité de mes biens en arrière. Elle allait s’occuper de
tout.
Le dernier message que j’ai lu sur ma page Facebook
parlait d’un accident de voiture impliquant les membres du groupe Ex-Disorder.
J’hésité un moment avant de me déconnecter et de fermer mon compte. Cela ne me
concernait plus.
Je suis sous la protection de ma maitresse. Je
l’adore de tout mon être. Je ne sens pas le besoin de quitter l’appartement. Je
suis son esclave et cela ne me dérange pas. En fait, je suis bien. Je plane
sans me soucier de quoi que ce soit. Elle s’occupe de moi et je suis heureux.
Je n’ai plus entendu parler d’Ex-Disorder.
Josiane est le centre de mon
existence, rien n’a plus d’importance en dehors de l’adorer.
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Par Serge Cote 201600501
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